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Jean Pierre

Agen, France 2005

La première fois que Jean Pierre vient me voir, il est ivre, tant et si bien qu'une fois allongé, il s'endort. Le mental n'offrant aucune résistance, je pose les mains sur lui et laisse la vie agir. Jean Pierre souffre depuis l'âge de treize ans. Il me rend visite tous les deux jours, tantôt en état d'urgence, transpirant énormément, tantôt pour une simple conversation. Puis, sans prévenir, plus de nouvelles !

Trois semaines plus tard, je l'aperçois au marché du dimanche. Je le salue d'un bonjour amical, accompagné d'un mouvement de tête auquel il répond. C’est tout. Alors que je termine mes emplettes, il vient me voir :

-Je voudrais te dire pourquoi j'ai mis un terme à nos rencontres...

Je hausse les sourcils, d'un air de dire : -tu sais, tu n'as pas à me donner d'explications. Cependant il poursuit :

-Depuis que je viens te voir, j'ai l'impression que je suis prêt à perdre une très vieille amie...

Je hausse de nouveau les sourcils, mais cette fois d'incompréhension. Il reprend:

-Tu comprends, cela fait quarante ans que je vis avec cette souffrance, et cette souffrance est prête à me quitter. Que vais-je devenir sans elle ? C'est ma meilleure amie...

Je ne dis mot.

Un an plus tard, de passage dans cette ville, je demande de ses nouvelles. La souffrance, cette amie qu'il n'a pas voulu quitter, a redoublé de force, et Jean Pierre est dans un état pire qu'autrefois.

 

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Suzanne

Suède 2005

 

     Lors de la seconde visite de Suzanne, j’entends un très long gargouillis récurrent au niveau de l’estomac. Quand elle s’en va, elle me dit :

- J'ai senti du froid sortir de mon corps, suivi d’un froid de mort, glacé.  

Je suis surpris : je n’ai rien ressenti. Sans doute, est-ce comme les autres dons : au début, tout est montré, puis une fois assimilé, la perception disparaît.

    La nuit est bonne. Vers cinq heures trente, je prie allongé, doigts croisés sur le ventre où semble se dessiner une difficulté. Je vois quelque chose de gris sombre, se sauver ailleurs, mais toujours en moi. Avec le triangle de l’aide, j’arrive à le localiser. Comme il monte dans le méplat du cœur, j’y pose le triangle tout en priant. L’Amour souffre beaucoup. Je rehausse légèrement le triangle de l’aide, prie en profondeur jusqu’à y faire pénétrer la Paix. Je sens la chose perdre de sa force.

     Puis je m’assois sur les talons afin de prier de nouveau. Alors que je suis plongé en moi-même, je sens le froid de mort envahir la cheville gauche. Cela m’est déjà arrivé, mais restant très localisé. Cette fois, malgré ma prière, le gel d’outre-tombe augmente, atteignant le genou. A mi-cuisse, il semble perdre de sa force, et se transforme en simple froid, mais continue de monter. Il traverse ma hanche. En se dirigeant vers le cœur, il perd encore de sa force. Toujours priant, je me dis que je vais mourir. Réaction de l’être intérieur : je sais que ce n’est pas le moment, car je ne mourrais pas avant d’avoir achevé ce pourquoi je suis venu. Le froid disparaît, et une peur m’est envoyée pour prendre sa place. Mais ça, je connais! Je sais avec certitude que les peurs n’ont aucun pouvoir. Je lui dis :

-Tu ne m’auras pas, tu n’es que du toc !

La peur disparait. Ma prière reprend de plus belle, profonde et sereine.

 

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Inès

Inde 2006

 

     Dès que je pose les mains sur Inès, ses membres se raidissent comme pour lutter ! Je place mes paumes sur sa colonne vertébrale. Son corps se cambre tant que ses bras et jambes se déforment à l'extrême. Elle sort une langue énorme qu'elle agite violemment, et de la mousse blanche sort de sa bouche. D'une voix mâle, ténébreuse, elle se met à jurer avec une extrême grossièreté. Lors d'une brève accalmie, elle me présente ses excuses.

- Je ne peux rien contrôler, ajoute-t-elle.

Ma Foi et ma volonté de Justice étant extrêmement fortes, il n'y a rien en moi qui puisse alimenter ces forces hostiles. Mes mains placées sous la plante de ses pieds, j'entre à mon grand étonnement dans l'hémisphère droit du cerveau, siège de sa folie. Par-dessus un parallélépipède de lumière blanche, est comme assise dessus une boule de lumière noire que je ressens intelligente ! Je prie …

 

     Le lendemain, à mon réveil, des mots sortent de ma bouche malgré moi :

- Tu t'y prends mal. Retourne à la base !

     La base ?... Si on me demande de retourner à la base, c'est que la clef m'a été donnée par Inès elle-même. Je refuse de faire confiance à mes yeux. Je préfère l'ouïe. Les mots orduriers, voilà la clef ! Bien que la Parole sorte du cœur, elle prend son essence dans le silence.  Il me faut donc réconcilier Parole et Silence. Je pose une main sur la gorge et l'autre sur la poitrine. Curieusement la Paix s'installe vite, peut-être un peu trop vite .., et toute la coordination dans la partie supérieure suit.

    Puis je pose les mains sur sa tête. L'onde envahit le corps entier qui réagit. Quand je vois Inès lever les bras pour frapper avec violence le lit, je comprends qu'elle souffre d'une colère terrible, si profonde qu'elle n'est plus qu'une habitude dans ses cellules.  De nouveau, j'appelle la Paix intérieure qui lentement, descend de la gorge, via la poitrine, dans le bas ventre. Bien-être de part et d'autre. Comme je sais que sa part obscure possède une force intelligente, je demande à Inès de repasser dans l'après-midi avant de prendre son taxi pour l'aéroport. Je convoque une amie qui possède une Foi forte et active. 

 Tous deux nous posons les mains sur Inès. Chez les filles, la lumière blanche va partout, dans les coins et les recoins.  Bien que je ne perçoive rien, Inès entend deux clacs, l'un aux cervicales, l'autre plus bas dans la colonne.

Je la croise une heure plus tard, attendant le taxi pour l'aéroport. La tête effondrée sur une table, elle n'est visiblement pas bien. La Force continue d'agir.

-As-tu peur ?  Demandai-je.

-Oh non ! Je suis passée par des choses bien plus difficiles. Je ne résiste pas, je laisse faire, j'ai confiance.

     A l'aéroport, elle est refoulée à cause de son état, et envoyée à l'hôpital. Les médecins découvrent un champignon dans l'estomac. Elle prend l'avion quatre jours plus tard. Au travers d'un email, elle me raconte que ses viscères ont commencé à se vider dans le taxi, libérant d'autres choses beaucoup plus anciennes comme si elles appartenaient à un autre siècle …

 

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Dorit

Suède 2007

 

     Dorit, quatre vingt deux ans, est allongée sur le ventre. Une main posée sur les vertèbres du cœur, l’autre dans le creux des reins, je laisse la Vie faire. Je pense à ce qu’elle vient de me dire : afin de ne pas oublier qu’elle est veuve, elle a collé un peu partout chez elle des papiers sur lesquels elle a inscrit en grosses lettres le mot LIBRE. Je ris devant cette preuve vivante, qu´à un âge avancé, une telle force de vie est encore possible. Devant cette énergie positive que je viens d’actionner en moi-même, je laisse errer mon mental devenu léger. Relevant la tête, mes yeux parcourent le mur jaune qui me fait face dans cette petite pièce prêtée par une amie. Des objets intimes me font pénétrer dans une atmosphère agréable. Les couleurs se marient avec élégance au milieu de symboles et de livres divers. C’est un lieu chaud, accueillant, ouvert.

     Mes yeux continuent d’explorer cette pièce qui m’est pourtant familière. De petits anges sont suspendus à l’étagère. Soudain mon regard est happé par la Beauté. Sur une commode, dans une coupelle d’or, mon hôtesse a ordonné trois lys orangés, fleurs restantes d’un bouquet passé. Les tiges coupées à même la fleur, ces trois beautés se tiennent par le côté, sur un fond d’eau transparent délicatement posées. Au milieu de ces cœurs éclairés, s’étirent de longues étamines entourant un pistil à la pointe foncée. Sous chacun de ces bijoux vivants, de longues feuilles vertes émergent sous les pétales, venant diffuser une douce vie qui ne veut s’en aller. Devant cette totale harmonie, je me dis que la Beauté est là, devant moi, et je la sens réellement me pénétrer.

    Je suis tiré de mon bien-être vibratoire par mon amie Dorit, toujours allongée sous mes mains, qui, soudain, me dit :

- Oh!... Quelle douce sensation ! Quelque chose de chaud, de beau, vient de me pénétrer comme un ravissement. Je ne sais ce que tu as fait… merci    !    

     J’hausse les sourcils de surprise, heureux de découvrir la puissance fantastique de belles pensées. La Beauté est toujours là, partout. En acquérant un regard clair, il est possible de la voir, de s’en imprégner, et de l’offrir à tout être humain. Cadeau magnifique, reçu par … l’Inconnu qui se cache en chacun de nous.

 

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Aline

Inde 2007

     Depuis quatre ans, Aline passe d’hôpital en hôpital, de clinique en clinique, sans aucun résultat. Sur sa table, un nombre incroyable de médicaments divers qu’elle continue de prendre !

     Aline souffre d’un exéma sur tout le corps. La partie la plus chargée, le haut des fesses, sexe compris, jusqu’au-dessus du nombril, n’a pas loin d’un centimètre d’épaisseur ! C’est une seconde peau, une armure ! Le pied gauche est gonflé et la lymphe suinte par les orteils. L’odeur est forte et désagréable. Les oreilles et le cuir chevelu sont également couverts de croûtes suppurantes.  

    Aline décide d’entrer dans une clinique ayurvédique, et me demande de lui accorder plusieurs séances. Le médecin indien n’y voit aucun inconvénient. J’arrive un matin alors qu’elle est endormie. Ce corps a besoin d’un grand plus. J’étends les mains au-dessus d’elle. J’en appelle aux Amis Célestes. Le pied qui souffre est si laid que, sans trop savoir pourquoi, j’en appelle à la Beauté. Et, surpris, je sens l’onde sortir de mes doigts pour gagner cette jambe abîmée. Par intuition, j’en appelle à la Sagesse. Quelque chose de doux, de très léger dans sa façon de bouger, vient envelopper ma main comme pour l’étreindre, et immédiatement, une onde - nouvelle ? - sort de mes doigts vers le pied malade. Je remercie devant tant de générosité. Le lendemain le gonflement a fortement diminué.

      Chaque fois que je suis avec Aline, j’en appelle au Principe Actif de la Lumière Christique, et le froid sort par sa peau, les bras, les jambes, et surtout le dos. Quelquefois, les infirmières indiennes, souvent très jeunes, me surprenant à prier paumes offertes, restent sur le pas de la porte, courbent la tête, et m’accompagnent dans la prière. Aline me raconte que celles-ci, lors de sa toilette, entonnent des chants sacrés, des chants de louange.

      Pendant trois quarts d’heure, j'ai le petit doigt posé sur le plexus solaire, et très lentement, je remonte l’autre main de conscience en conscience. Alors que j’ai la paume posée sur les yeux, une honte incroyable m’envahit, et je vomis comme jamais je n’ai vomi, dans la douleur. Je pensais la honte partie dès les premières séances. Je suis surpris !

     Le lendemain, lorsque je pénètre dans la chambre, je me heurte au dégoût flottant qui imprègne la chambre entière. Les murs sont couverts d’un glacé blanchâtre repoussant. Cela est vraiment partout et si fort dans la chambre que je dois ressortir. Même réaction des jeunes infirmières qui ont un mouvement de recul à l’entrée. De l’encens est mis à brûler, et des chants sacrés viennent chasser cette force obscure bien que blanchâtre. Les jours suivant, les progrès sont rapides. Alors que j’ai les bras à trente centimètres de son corps, Aline me dit :

-Je sens que vous m’aimez.

J’hausse les sourcils. Elle reprend :

- Oui, bien qu’invisible, je sens cet amour. C’est physique, palpable ! C’est dans votre poitrine.

Silence. Puis elle ajoute :

- Si je suis capable de le ressentir, s’il fait écho en moi, cela veut dire qu’il y a de l’amour désormais en moi… Je ne m’aimais donc pas avant…. Maintenant je m’en rends compte. Comme je suis une fille, mon père qui est pasteur, m’a toujours dit que j’étais une moins que rien. 

Nouveau silence.

- Pense à montrer ta gratitude, dis-je.  

- Comment fait-on ?

Cette réaction me surprend toujours.

- Tu dis simplement merci aux Forces Supérieures qui ont permis cela. Mieux : tu baisses la tête, tends tes paumes et dis : Gratitude, recevez toute ma gratitude.

Elle s'exécute maladroitement. J’ajoute encore :

- Offre un cadeau à tes jeunes infirmières !

- Mais quoi ?  

- Demande-leur !

Quand je reviens la voir deux jours plus tard, elle me dit en riant :

- Des savons, des petits savons individuels, c'est ce qu'elles m’ont demandés !   

- Vois-tu, dis-je, humilité, simplicité et compassion œuvrent toujours ensemble.

     Quelques semaines plus tard, le mal a complètement disparu et Aline décide de rentrer dans son pays. Le dernier jour, je passe chez elle comme elle me l’a demandé. Devant moi, se mirant dans un miroir, elle joue les coquettes, me parlant de sa beauté retrouvée. J’en suis stupéfié ! Mais son taxi pour l’aéroport arrivant, je n’ai pas le temps de la mettre en garde… contre elle-même.

 

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Yvette

Espagne 2007

 

    Alors que j’arrive à l´auberge municipale, je rencontre Yvette, dix-huit ans, en route vers Compostelle. Son genou est bandé. Elle ne peut plus avancer. Je propose mes services qu´elle accepte aussitôt.

    Une main dans le creux du genou et l´autre dessus, je sens les choses se mettre en place. Puis, rapidement, la Force arrive, puissante. La jeune fille me dit sentir tout ce qui se passe. Elle ajoute que l´énergie non seulement la parcourt, mais qu'elle l´enveloppe ! Surpris de sa réponse, j´ouvre les yeux et la découvre complètement imbibée de lumière blanche. Puis cela devient de plus en plus fort et je sens la Beauté, la Pureté de tout ce qu’Yvette m´envoie ! Quel émerveillement ! Je pleure.

      Subjugué, je lui demande si elle a une pratique particulière, prières ou autres.

- Non pas spécialement, me dit-elle. 

Elle ajoute cependant qu´elle accompagne les mourants. Elle dit encore avoir passé six mois en Inde auprès de Saïd Baba.

- As-tu toujours eu cette sensibilité, depuis petite fille par exemple, ou si cela a fait suite à un événement particulier de ta vie ?

Elle semble chercher, puis me dit :

- Non, mais tu me fais rappeler que, même avant d´être petite fille, j´étais déjà comme cela… bébé ! 

Stupéfaction ! J´en reste coi ! C´est la première fois que je tombe sur quelqu´un à qui les Forces Supérieures n´ont pas adjoint la mémoire de l´oubli! ... A la naissance, il est comme un voile qui vient cacher notre véritable nature profonde. Très souvent ce voile est renforcé par notre éducation, celle des parents, des enseignants, des amis… Nous obéissons pour faire plaisir, au profit du monde matériel, et peu à peu le Divin que nous portons en nous est étouffé…

Dès le lendemain, Yvette reprend la route...

 

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Iris

Suède 2007

     Iris est une femme qui attire la sympathie. La cinquantaine, je sens chez elle une sincérité et une humilité authentiques. Allongée sur le ventre, je lui prends les talons. Au contact de mes mains, sa réaction est vive. L’énergie remonte tout de suite le long des jambes. Une fois les hanches atteintes, un léger tremblement se déclenche. Ce mouvement semble se chercher un peu. Puis, comme s’il partait du bas du coccyx, il passe de vertèbre en vertèbre, en s’amplifiant. Bientôt le corps entier vibre, de plus en plus fort, de plus en plus vite. Bien qu’elle ne comprenne pas ce qui se passe, Iris reste confiante. Ce mouvement durera lors de nos trois dernières séances.

     Six mois plus tard, je la revois, le visage ravagé par les pleurs. Elle me dit avoir perdu sa maman quelques semaines plus tôt.

-  Il n’y avait que de l’amour entre elle et moi, me dit-elle. 

     Sous mes mains, le corps entier vibre de nouveau. Sous la pression de mes doigts, je découvre dans le creux des reins une anomalie : la pointe  d’une vertèbre qui sort telle une protubérance. Je fais asseoir Iris et me pose derrière elle. Les mains au niveau des hanches, la chaleur réparatrice s’installe. Je laisse faire le Vivant. Puis je me dis que la maman d’Iris  est peut-être encore là, et à tout hasard, je l’appelle intérieurement.

- Toi, je t’appelle, Force d’amour que tu es devenue, maman d’Iris. Si tu es là, je t’invite à passer à travers moi afin d’envoyer un message à ta fille.

     Aussitôt dit, une très grande force me pénètre à l’arrière du crâne, en haut de la nuque. Je la sens s’enfoncer, mais ne point se diffuser. Je demande à Iris :

-  Avez-vous senti quelque chose  ?

Elle se tourne vers moi, éplorée :

- Ma mère était là devant moi… mon père aussi… et même mon mari ! Merci. Merci.

Etonnement de ma part : le mari d’Iris est toujours vivant. Je l’ai eu entre les mains, et sa force d’aimer est grande. Seule différence entre les deux : la Foi qu’elle possède, et non lui.

     Deux jours plus tard, se présente Mathilde, l’amie d’Iris, pour la deuxième session. Je sais qu’elle a perdu un mari aimant voilà un an. Alors je me dis pourquoi ne pas l’appeler en tant que force d’amour. Dans les secondes qui suivent, Mathilde ouvre les yeux chargés d’émotion.

- J’étais là, maintenant, avec mon mari… en Crète que nous aimions tant… merci pour tant de bonheur.

Quand elle se lève pour me quitter, elle ajoute  :

-Il m’a fait aussi comprendre que ma vie n’est pas finie, que je dois la continuer, la vivre… heureuse !

 

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Line

Suède 2007

 

     Des vagues de lumière blanche la parcourent tant durant toute la première session que je me demande si je n’ai pas affaire à une guérisseuse. Mais notre deuxième rencontre est beaucoup plus banale.

     Lors de notre troisième session, le corps entier semble sous l’emprise d’une colère terrible.

-   En effet, me dit elle, je viens de me disputer avec mon mari.

     Lentement, très lentement, la paix intérieure s’installe. Soudain, alors que j’ai les paumes posées sur les coups de pieds, je vois le temps se fissurer physiquement. Son corps vibratoire semble à son tour s’ouvrir en deux, et m’envoie un tas de… choses  qui viennent me pénétrer avec force ! Et de ma bouche les mots sortent malgré moi :

- As-tu déjà pensé à écrire ?

- Il est étonnant que tu me dises cela, me répond-elle. Ce matin, j'étais encore avec mes petits enfants et je me disais qu'il était dommage qu'on ne leur raconte plus ces belles histoires de mon enfance, et l'idée de les écrire m'a effleuré ...

Alors ma voix prend un ton autoritaire pour lui dire :

-Il faut que tu le fasses...

-Et aussi, ajoute-t-elle, l'histoire de mon neveu. Suite à un accident, il est resté paralysé dans un fauteuil roulant, et il est mort à vingt et un ans. Nous étions si proches...

Ma voix devient ferme, sûre d'elle, et comme s'il s'agissait d'un ordre, je m'entends dire :

-Il faut que tu le fasses absolument, pour toi et pour les tiens. C'est très important !

A la fin de la session, j’ajoute cette fois de moi-même :

- Prends garde à la paresse, elle est l’ennemie de tant d’écrivains qui ont pourtant de belles choses à dire.

Je ne sais qui en fut l’auteur, son âme propre ou celle du disparu qui vint établir un contact afin qu’un être aimé mette fin à un deuil. Quand elle me quitta, il y avait comme de la grâce dans les yeux de Line !

 

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Ellen

Suède 2007

 

    Ellen, pasteur, vient me voir à contrecœur. Son attitude, son corps, me montrent qu´elle est à la recherche de la souffrance. La première séance se déroule dans un grand silence.

  Quand elle revient me voir pour la deuxième séance, elle m´avoue se sentir depuis, enveloppée par une force d´amour, et ce, pour la première fois de sa vie !  Au moment de se quitter, j'ajoute que la joie en soi est nécessaire si l´on veut être un serviteur de Dieu. Mes mots la heurtent et elle se ferme.

 

  Durant la troisième séance, elle me raconte son rêve de la nuit :

  Elle est dans un immeuble très sombre. Elle veut en sortir. Mais à l´entrée principale, deux comiques de télévision très connus dans son pays, se moquent d´elle. Aussi décide-t-elle de prendre la porte de derrière. Elle avance sur de petites pierres, puis, comme aspirée par l´eau, elle tombe assise dans une mare. Alors qu´elle veut se relever, elle découvre des bêtes grouillant sur sa peau, sur les bras notamment. Alors elle se réfugie à l´intérieur de l´immeuble. A l´étage, quelqu´un l´aide à nouer un drap, puis à l'attacher pour qu´elle puisse s´échapper par la fenêtre. Elle voit qu´en bas il y a aussi quelqu´un pour l´aider.

     Je lui explique son rêve : l´immeuble est son château intérieur. Les deux comiques indiquent qu´une honte très forte est ancrée en elle. C'est pourquoi elle est attirée par la porte de derrière, celle du passé. Les pierres symbolisent de nouvelles vertus accordées qui vont l’aider. Elle est aspirée par l´eau qui symbolise l´amour purificateur, mais les bêtes grouillantes sont ses peurs face à ce même amour, peurs qui l'empêchent de recevoir et de donner, mais aussi d'être efficace dans son travail ! Elle repart donc s'enfermer dans l'immeuble très sombre. Elle se sent tel un prisonnier qui veut s'échapper en nouant des draps. Lors d'une séance précédente, une fenêtre dans une conscience supérieure, a été ouverte. Elle sait désormais qu'une autre possibilité s'offre à elle, et qu'elle sera aidée par deux forces, l'une au départ, l'autre à la réception. Mais elle seule doit prendre la décision de quitter l'immeuble sombre, et ceci est un acte volontaire, ajoutai-je.

 

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Abby

Suède 2008

 

     Je me rends chez une patiente de dernière minute.

-De quoi souffrez-vous ? demandai-je.

-Cancer de la moelle des os. Couchée depuis quatre ans, je suis en phase terminale. Ce sont mes derniers jours…

Comme je pose mes mains, curieusement je ne sens aucune trace de mort. Je lui demande :

-Voyez-vous des couleurs ?

-Oh Oui ! Elles sont étincelantes !

-Celles-ci indiquent que votre âme a été touchée par les forces divines, et parmi tout ce qui a été touché, se trouve aussi votre volonté.

Je change mes mains de place.

-Quelle couleur voyez-vous maintenant ?

-Orange.

-Y a-t-il des taches noires à l'intérieur ?

-Oui !

-Peignez ces taches de la même couleur, de l'orange partout. Faites appel à votre volonté !

Elle obéit. Je vois, sous ses paupières fermées, ses orbites s'agiter énormément. Puis elle me dit :

-Voilà, c'est fait. De l'orange partout !

Je suis surpris de la rapidité avec laquelle elle a fait cela. Sa force intérieure est vraiment grande. Tout me dit que j'ai affaire à une âme hautement hiérarchisée !

Je change mes mains de place :

-Quelle couleur voyez-vous maintenant ?

-Rouge.

-Exact. Voyez-vous des taches noires ?

-Oui !

-Utiliser votre volonté comme vous avez fait précédemment. Mettez du rouge partout.

Sous ses paupières, les orbites s'agitent à tout vent. Dans le miroir que je suis, cet être d'amour découvre la puissance de sa force intérieure, et sa capacité à agir ! Les forces de justice et de compassion semblent en avoir fait leurs demeures.

Une fois terminé, elle se met à babiller, à parler de futilités, de n'importe quoi !

-Silence ! dis-je d'une voix autoritaire. Mais je reconnais que sa force d'âme est prodigieuse. J'ai certainement devant moi une âme qui a choisi volontairement de revenir afin d'aider l'humanité. Mais la machine du mental est emplie de vanité. La séance se termine.

-Je veux vous revoir, me dit-elle.

     Deux jours plus tard, une heure avant mon départ pour l'aéroport, nous nous revoyons. Par trois fois je dois user de mon autorité tant elle parle.

-Silence !

M'adressant aux Amis, je demande à lui transmettre ma foi forte, vivante, indestructible, active.

-Je vois tout violet ! me dit-elle.

La foi ! Décidément j'ai affaire à quelqu'un de très spécial.

 

     Huit mois plus tard, son nom figure sur la liste de ceux avec qui j'ai rendez-vous dans ce pays. Quand j'ouvre la porte, elle est là debout devant moi, radieuse, maquillée, et sans béquilles ! Aucun problème moteur apparent. Elle me conte ce qui s'est passé.

-Lors de la deuxième session, quand vous posez les mains sur moi, me dit-elle, j'ai trois visions. Une gélule m'est montrée. Il s'agit d'un médicament à base de sélénium difficile à trouver ici, car trop dangereux. Son commerce est strictement réglementé. Mon médecin me l'interdit. J'ai réussi à m'en procurer. En six mois, j'ai avalé sept cent gélules !

Effaré, je hausse les sourcils. Comme une reine de beauté, elle fait un pas, puis deux, et se retourne.

-Voyez le résultat ! Actuellement il ne me reste qu'une bosse de calcium au niveau de l'omoplate.

Je la fais allonger et pose mes mains. Quelques instants plus tard, elle me conte une étrange chose :

-Lors de la dernière session, quelque chose de curieux m'est revenue. Quand j'étais petite fille, à l'école primaire, la maîtresse nous a demandé ce que nous aimerions faire plus tard. Les réponses étaient à peu près toutes semblables : maîtresse d'école, vétérinaire, hôtesse de l'air. Quand on m'interrogea, je répondis : recevoir le prix Nobel de médecine !

A mes yeux, cela ne fait que confirmer la vocation de cet être d'amour.

-Que cela vous soit revenu lors de notre session, n'est pas anodin. Il serait bon de réfléchir à la chose. La médecine est votre rayon d'action, l'assurai-je. Vous seule pouvez comprendre votre guérison, tentez de l'expliquer. Vous avez devoir de faire cela ! ordonnai-je.

-Je suis avocate, me dit-elle, et non pas médecin. J'ai d'ailleurs repris mon travail, d'une manière un peu différente je l'avoue.

Je me fais autoritaire :

-Il vous a été donné une seconde chance, ne la gâchez pas. Qui dit pardon dit devoir. Étudiez s'il le faut. Il vous a été donné une clef d'or. Utilisez là ou attendez-vous au pire, car telle est la Loi.

     Six mois plus tard, j'envoie un premier courriel à Abby afin de prendre de ses nouvelles car sa vanité me fait peur. Elle me conte ce qui vient de se passer dans sa vie récemment. Depuis le début de la maladie, elle était suivie par un médecin, une femme devenue son amie. Cette dernière avait une jambe malade à la peau noire et fripée, qui ne guérissait pas. Quand elle lui annonça qu'elle s'était résignée à la couper, Abby, mue par une force inconnue, plaça ses mains autour du membre malade. Le médecin répéta qu'elle ne croyait absolument pas à ce genre de choses mais se laissa faire. En trois séances, le mal la quitta et la peau redevint belle et souple. La jambe du médecin retrouva sa parfaite santé !

     Un an plus tard, j'envoie un deuxième courriel, lui demandant si elle a avancé dans le devoir dû, suite à sa guérison. La réponse, emplie de colère, est terrible.  Elle m’écrit ne pas croire pas à ces sornettes chrétiennes catholiques. Sa méchanceté d'aigreur a pris le dessus. Quelques mois plus tard je reçois un courriel de ma correspondante : les nouvelles d'Abby ne sont pas très bonnes.

 

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11

 

 

    

 

 

 

 

 

Mike

 Inde 2008

     Dans un ashram, je suis amené à partager une chambre avec un américain. Dès que je lui serre la main, je vois qu'il porte en lui quelque chose de lourd, de très lourd ! J'ai même un mouvement de recul devant l'énormité du travail qui m'attend. Par instinct, il fait tout pour se rapprocher de moi. Le deuxième jour, il me demande ce que je fais, et peu après, il accepte mes services.

     Très rapidement, après un petit forcing, la force commence à le pénétrer, l'emplissant de lumière. Tout ce qui est désordonné se remet à sa juste place, en harmonie. Cependant, je découvre sous la malléole gauche une zone anormalement dure. Je pose longtemps les doigts dessus. Puis, par pure intuition, je mets ses pieds sur son ventre. Aussitôt, une nausée gagne mon estomac, suivie d'une honte insupportable. Je vomis dans la douleur. Libéré, il se met à me conter ce qui le hante d'une manière obsessionnelle depuis tant d'années : les horreurs vécues en tant que soldat américain lors de la guerre du Vietnam.

-Je hais ce pays ! clame-t-il.

     Je ne pose nulle question, n'imagine rien. Dès le lendemain, nous partageons une nouvelle séance. Sous les malléoles, la chair semble toujours aussi réfractaire à l'onde. Son mental fait un dernier assaut de résistance en déclenchant une douleur au cou, le mettant en état de grande impatience, de colère. Je tiens bon. Soudain, je suis envahi par un écœurement total, suivi d'une nouvelle vague de honte qui me submerge totalement. Et je vomis, je vomis ! Douleur intense, celle du dégoût !

     La nuit venue, je dors mal, réveillé de nombreuses fois. J'ai la tête imbibée de lumière, l'estomac en révolution, et surtout, j'ai perdu la paix intérieure. Usant de ma simple volonté, je décide de rejeter la honte, l'écœurement, le dégoût, que j'ai gardés en moi. Une vision ancienne passe devant mes yeux, celle de moines sombres, me tournant le dos et me quittant, comme pour me faire comprendre que le dégoût tue la foi !

     Ce dégoût a traversé non seulement mon cœur, mais aussi ma gorge. Je pose mes doigts actifs sur le centre du cœur, et par la prière, me débarrasse de ce dépôt malsain. Dans le haut de ma poitrine, le passage par où descendent les forces les plus pures, est obstrué. La joie en a été chassée !

     Je demande l'aide de mon meilleur ami l'ange Gabriel ; celui de mon parrain l'archange saint Michel afin qu'il me remette en état de rectitude, de droiture face à la justice divine ; celui de mon parrain Raphaël le guérisseur ; et enfin l'aide de la force des vocations. Tous déclenchent en moi de grandes vibrations. L'amour est là, partout, se donnant. Je me sens profondément heureux, et je pleure, je pleure. C'est alors que quelque chose de nouveau m'est montré. Par ce cadeau, je comprends que j'ai fait ce que je devais faire, laissant le résultat au divin si généreux.

     Lors de la dernière séance, je sens une transmission se faire : une certaine compréhension des choses est donnée à Mike. Je ne dis mot. Ce sera à lui d'activer la manivelle du savoir. Nous nous séparons.

     Un an plus tard, je reçois un courriel. Mike est depuis quelques mois au Vietnam bâtissant des orphelinats. Sont jointes des photos, sur lesquelles il est entouré d'enfants rieurs. Suit un commentaire sous-jacent :

-Je n'ai jamais été aussi heureux qu'ici, dans ce beau pays du Vietnam !

 

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Laura

 France 2008 

(lors d’une pratique japonaise en groupe)

     Alors que nous sommes tous assis par terre en silence, Laura, quatre ans, vient s’asseoir à côté de moi. Elle enroule son bras autour de ma cuisse. Puis elle pose sa main sur mon genou, et la nuque sur cette même cuisse. Me regardant longuement, elle suce son pouce. Elle se met à tapoter sur un point précis de son crâne. Me méfiant de mon interprétation mentale, j’attends.

     L’après-midi, elle vient s’asseoir de nouveau près de moi. Elle me tire fortement la main gauche qu’elle place sur sa tête :

-Ça fait un chapeau sur la tête, me dit-elle.

     Cette fois, je laisse ma main sur son crâne et une violente douleur se déclenche dans mon cœur.  Je pose l’autre main sur son petit cœur, et le mal, en une seconde, est chassé.

 

     Le lendemain, elle se pose de nouveau près de moi. Mon attention est tirée de l’intérieur ! Il s’agit d’une curieuse sensation, d’une vision. C’est comme si quelqu’un d’invisible venait de plonger dans un océan d’eau de lumière dont dépasse ma tête. Je sens, sans la voir, cette présence qui s’avance à l’intérieur de moi, évoluant tel un triton invisible se dirigeant vers un centre. Aussitôt, cela est suivi par une autre vision, une image-pensée : un triangle aux côtés lumineux, le triangle de l’aide. Bien que clair, c’est un triangle tout petit, un triangle envoyé par un enfant !

     A la pointe gauche de la base, se trouve le père de Laura. Il n’est pas bien dessiné tellement il est chargé d’obscur. Je reconnais à peine son tee-shirt rose, et le bas du corps est particulièrement sombre, opaque, lourd.

     La pointe droite de la base est occupée par Laura, toute petite et pleine de lumière blanche. Elle ne se trouve pas à la pointe du triangle, mais en recul d’un centimètre ou deux. Peut-être estime-t-elle qu’elle n’a pas pour l’instant la force d’agir vue l’ampleur de l’obscur paternel ?

     A la pointe du sommet du triangle, réservée à la Sagesse, se trouve la nouvelle compagne du père qui rayonne de lumière blanche et de paix intérieure. Elle est droite et douce ; peut-être a-t-elle les yeux fermés ? Elle est superbe ! C’est une force sûre, installée.

     La première base, celle du père, n’est pas bonne, et Laura le sait : elle voit ! Elle sait aussi que je vois. J’ai cette vision fortement gravée en moi. C’est quelque chose de vivant. Quand deux pointes du triangle de l’aide sont bien installées, ces deux-là ont le pouvoir de hisser la troisième au même niveau. Je comprends que Laura est venue puiser en moi un peu de cette même force qui lui manque. Donner à un de mes semblables me rend profondément heureux. Lui souriant, sans un mot, je la remercie de s’être tournée vers moi.  Gloire à toi Seigneur qui a permis cela.

 

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Aline

Inde 2007

     Depuis quatre ans, Aline passe d’hôpital en hôpital, de clinique en clinique, sans aucun résultat. Sur sa table, un nombre incroyable de médicaments divers qu’elle continue de prendre !

     Aline souffre d’un exéma sur tout le corps. La partie la plus chargée, le haut des fesses, sexe compris, jusqu’au-dessus du nombril, n’a pas loin d’un centimètre d’épaisseur ! C’est une seconde peau, une armure ! Le pied gauche est gonflé et la lymphe suinte par les orteils. L’odeur est forte et désagréable. Les oreilles et le cuir chevelu sont également couverts de croûtes suppurantes.  

    Aline décide d’entrer dans une clinique ayurvédique, et me demande de lui accorder plusieurs séances. Le médecin indien n’y voit aucun inconvénient. J’arrive un matin alors qu’elle est endormie. Ce corps a besoin d’un grand plus. J’étends les mains au-dessus d’elle. J’en appelle aux Amis Célestes. Le pied qui souffre est si laid que, sans trop savoir pourquoi, j’en appelle à la Beauté. Et, surpris, je sens l’onde sortir de mes doigts pour gagner cette jambe abîmée. Par intuition, j’en appelle à la Sagesse. Quelque chose de doux, de très léger dans sa façon de bouger, vient envelopper ma main comme pour l’étreindre, et immédiatement, une onde - nouvelle ? - sort de mes doigts vers le pied malade. Je remercie devant tant de générosité. Le lendemain le gonflement a fortement diminué.

      Chaque fois que je suis avec Aline, j’en appelle au Principe Actif de la Lumière Christique, et le froid sort par sa peau, les bras, les jambes, et surtout le dos. Quelquefois, les infirmières indiennes, souvent très jeunes, me surprenant à prier paumes offertes, restent sur le pas de la porte, courbent la tête, et m’accompagnent dans la prière. Aline me raconte que celles-ci, lors de sa toilette, entonnent des chants sacrés, des chants de louange.

      Pendant trois quarts d’heure, j'ai le petit doigt posé sur le plexus solaire, et très lentement, je remonte l’autre main de conscience en conscience. Alors que j’ai la paume posée sur les yeux, une honte incroyable m’envahit, et je vomis comme jamais je n’ai vomi, dans la douleur. Je pensais la honte partie dès les premières séances. Je suis surpris !

     Le lendemain, lorsque je pénètre dans la chambre, je me heurte au dégoût flottant qui imprègne la chambre entière. Les murs sont couverts d’un glacé blanchâtre repoussant. Cela est vraiment partout et si fort dans la chambre que je dois ressortir. Même réaction des jeunes infirmières qui ont un mouvement de recul à l’entrée. De l’encens est mis à brûler, et des chants sacrés viennent chasser cette force obscure bien que blanchâtre. Les jours suivant, les progrès sont rapides. Alors que j’ai les bras à trente centimètres de son corps, Aline me dit :

-Je sens que vous m’aimez.

J’hausse les sourcils. Elle reprend :

- Oui, bien qu’invisible, je sens cet amour. C’est physique, palpable ! C’est dans votre poitrine.

Silence. Puis elle ajoute :

- Si je suis capable de le ressentir, s’il fait écho en moi, cela veut dire qu’il y a de l’amour désormais en moi… Je ne m’aimais donc pas avant…. Maintenant je m’en rends compte. Comme je suis une fille, mon père qui est pasteur, m’a toujours dit que j’étais une moins que rien. 

Nouveau silence.

- Pense à montrer ta gratitude, dis-je.  

- Comment fait-on ?

Cette réaction me surprend toujours.

- Tu dis simplement merci aux Forces Supérieures qui ont permis cela. Mieux : tu baisses la tête, tends tes paumes et dis : Gratitude, recevez toute ma gratitude.

Elle s'exécute maladroitement. J’ajoute encore :

- Offre un cadeau à tes jeunes infirmières !

- Mais quoi ?  

- Demande-leur !

Quand je reviens la voir deux jours plus tard, elle me dit en riant :

- Des savons, des petits savons indivi

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